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ÉVEIL ET VERTICALITÉ


par Olivier Clouzot (Le Souffle d’Or, 2000)


Interview de l’auteur

par Marie-Joséphine Grojean

 

 

Question : Qu’est-ce que la « Verticalité » ?

Olivier Clouzot : C’est une dimension spécifique de l’être humain, une dimension de profondeur et d’élévation qui correspond à la connaissance de soi et à la croissance intérieure basée sur l’éveil de notre conscience.

Qu’est-ce que cette notion apporte de plus que celle de « vie intérieure ?

O. C. : La dimension verticale de l’être humain correspond effectivement à sa vie intérieure, mais elle indique aussi quelque chose d’essentiel, qui est la croissance et la conjugaison de ce que j’ai nommé « profondeur » d’un côté (qui relève de la psychologie), et « élévation » de l’autre (qui relève de la spiritualité). Autrement dit, notre vie intérieure est susceptible d’évoluer, de se transformer, parce que la connaissance psychologique et la conscience spirituelle que nous avons de nous-même ne sont pas données une fois pour toute, elles sont même très faibles au départ, mais elles peuvent toutes deux grandir si nous faisons le travail nécessaire, que j’appelle « le travail verti-cal ».

Mais alors, dans ce contexte que serait la dimension « horizontale » ?

O. C. : La dimension horizontale correspond à la vie ordinaire en société, de notre naissance à notre mort, avec tout ce qui se passe dans notre vie familiale et professionnelle, avec nos échecs et nos réussites, mais aussi avec nos joies et nos souffrances particulières d’êtres humains. Tandis que la dimension verticale est la conscience que nous avons de notre relation avec nous-même et avec le monde extérieur – car beaucoup de nos processus sont inconscients : nous vivons de manière immédiate, instinctive, impulsive parfois, quitte à le regretter par la suite. C’est pourquoi la « conscience de soi » est une attention au réel, une présence à soi-même, une volonté aussi, qui peuvent être très faibles au départ, mais qui sont susceptibles de grandir si nous acceptons de faire certains efforts pour cela.

Cela correspondrait alors à un apprentissage, à une évolution ?

O. C. : Exactement. Ces deux mots sont très importants. Gurdjieff disait : « L’évolution de l’homme est l’évolution de sa conscience, et la conscience ne peut pas évoluer inconsciemment. L’évolution de l’homme est l’évolution de sa volonté, et la volonté ne peut pas évoluer involontairement. L’évolution de l’homme est l’évolution de son pouvoir de faire, et faire ne peut pas être le résultat de ce qui arrive ». Dans notre vie, nous pouvons apprendre successivement :

  • des connaissances et à faire des choses d’abord, comme on nous pousse à le faire à l’école et dans la famille ;

  • à vouloir faire des choses particulières ensuite, celles pour lesquelles nous sommes motivés, lorsque nous atteignons notre autonomie individuelle ;

  • et enfin à être vraiment conscient de ce que nous sommes et de ce que nous faisons lorsque nous découvrons notre vraie liberté.

Cela résume parfaitement ce qu’est le travail vertical qui commence obligatoirement dans l’horizontalité de notre existence, mais qui se « verticalise » par la suite, pour peu qu’on choisisse de le faire en entrant dans un processus d’auto-observation…

Mais pourquoi faire ce travail ? Est-ce que ce n’est pas du nombrilisme ? Et qu’est-ce qui se passe si on ne le fait pas ?

O. C. : C’est notre responsabilité d’êtres humains de le faire. Nous sommes essentiellement des êtres en évolution, des êtres qui doivent apprendre pour évoluer, mais nous ne pouvons pas apprendre n’importe quoi, ni évoluer n’importe comment. Or, on sait bien que sur un plan collectif, nous ne sommes pas encore complètement humains : nous ne respectons pas la nature, nous ne respectons pas les animaux, nous ne nous respectons même pas nous-mêmes. Ce que nous faisons subir à la planète et à la vie qui est autour de nous, pour notre seul profit de consommateurs, va finir par avoir un effet boomerang, comme des spécialistes le disent depuis trente ans. En fait, nous commençons juste à prendre conscience que notre survie, en tant qu’espèce, est en jeu. Vous dites « qu’est-ce qui se passe si l’on ne fait pas ce travail vertical ? ». Eh bien, précisément, on ne le fait pas, et notre monde actuel en est le résultat. Est-ce que vous croyez que cela va pouvoir durer longtemps ? On pourrait paraphraser la définition de Gurdjieff citée précédemment en disant que l’évolution de l’homme est celle de sa responsabilité, et qu’on ne peut pas évoluer vers la responsabilité en se conduisant de manière irresponsable…

N’est-il pas utopique de croire que l’on peut tous devenir plus responsables ?

O. C. : Non. C’est le fruit naturel de l’évolution humaine : en devenant plus conscients, nous devenons à la fois plus responsables, plus libres, plus heureux, plus créatifs… Mais pour comprendre cela, il faut savoir que l’être humain évolue en passant par des points de passage obligés, appelés « niveaux de conscience », qui sont des stades de croissance psychique, comme il existe des stades de croissance physiologiques tels que l’enfance, l’adolescence, la maturité et la vieillesse, qui sont marquées par des transformations de notre fonctionnement glandulaire. La conscience elle aussi évolue et se transforme progressivement, pouvant atteindre sa pleine maturité si on s’en donne la peine ; mais si on ne fait rien, elle stagne, comme pour tout apprentissage que l’on néglige. « Éveil et Verticalité » décrit cela de manière précise.

Quels sont donc ces « niveaux de conscience » que vous décrivez ?

O. C. : Il y a quatre niveaux fondamentaux et incontournables :

  • le niveau de l’ego socioculturel dans lequel nous sommes conditionné par l’éducation et la culture que nous recevons et où nous avons encore très peu d’autonomie,

  • le niveau de l’ego individualiste où nous nous dégageons de cette dépendance et sommes centré sur le développement et l’affirmation de notre propre personnalité

  • le niveau de l’individu individualisé où l’ego (le moi) est scruté et mis à nu par la conscience et se met au service d’une cause supérieure, comme celle de l’évolution et des autres aspects physiques, émotionnels, intellectuels et spirituels du progrès humain,

  • et le niveau transpersonnel, qui est un niveau d’illumination ou « l’ego inférieur » est transcendé, c'est-à-dire dépassé, et où l’épanouissement de l’être se produit.

Vous avez publié dans le passé « Apprendre Autrement : clés pour le développement personnel ». Quel rapport y a-t-il avec « Éveil & Verticalité » ?

O. C. : « Éveil & Verticalité » est la suite de « Apprendre Autrement ». Ce premier livre présentait les lois de l’apprentissage illustrées par de nombreux récits portant surtout sur des apprentissages horizontaux. « Éveil & Verticalité » présente les lois de l’évolution consciente résultant du travail vertical, et il les illustre par des récits d’apprentissage réalisés par de très grands apprenants qui sont allés au bout du chemin de transformation auquel ce travail conduit naturellement : ces apprenants exceptionnels constituent ce que l’on appelle des « éveillés » ou des « êtres réalisés », et ils proviennent de différents courants culturels, spirituels et religieux existant dans le monde entier. Ceux que je cite dans le livre sont Arnaud Desjardins, Jean-Yves Leloup, Graf Dürckheim, Matthieu Ricard (traducteur du Dalaï Lama), Oscar Ichazo (fondateur de l’École Arica), Dane Rudhyar (fondateur de l’Astrologie Humaniste et Transpersonnelle), Carl-Gustav Jung, Muktananda, Yogananda, Lanza Del Vasto, Ramesh Balsekar, Gopi Krishna, Krishnamurti, Chögyam Trungpa…

Ces témoignages sont effectivement beaux et émouvants. Comment les avez-vous choisis ?

O. C. : Ils se sont imposés à moi. Tout récit d’apprentissage portant sur une transformation profonde, un changement de niveau, de vision du monde, se reconnaît au fait qu’il décrit la traversée de crises. Il y a une crise pour passer du premier niveau au second, comme les psychologues et les psychanalystes le savent bien, il y a un autre type de crise pour passer du second niveau au troisième, et de nouvelles crises pour passer du troisième au quatrième niveaux – et chaque fois, c’est dans la mesure où l’épreuve subie finit par être reconnue comme nécessaire, qu’un changement de niveau de conscience se produit.

Vous dites aussi que des crises de même nature se produisent nécessairement dans l’évolution sociale et culturelle. Comment expliquez vous cela ?

O. C. : L’évolution individuelle et l’évolution collective correspondent au même type de processus, parce que c’est un phénomène typiquement humain qui obéit à des lois concernant notre manière humaine de penser, de raisonner, individuellement et collectivement. Si chaque niveau de conscience propose un nouveau point de vue par rapport au niveau précédent, un point de vue sur la réalité qui est plus ouvert et plus inclusif, c’est parce qu’il fonctionne selon une logique différente qui inclut les points de vue précédents au lieu de les rejeter. On entre là dans des aspects plus techniques qui ne peuvent pas être développés ici. Mais pensez seulement au changement considérable qu’a été, sur tous les plans, le passage du Moyen Âge à la Renaissance : les sociologues parlent de changement de paradigme, mais c’est vraiment un changement de logique qui s’est produit, on s’est mis à raisonner différemment et à voir le monde comme quelque chose que l’on pouvait découvrir, conquérir, exploiter, ce qui était impensable avant. On est alors entré collectivement dans la logique propre au niveau de l’ego individualiste, et c’est cela qui a débouché sur la révolution industrielle, puis sur la société de consommation dans laquelle nous nous trouvons. Mais à l’époque actuelle, nous sommes en face d’un nouveau défi : passer de ce niveau à celui de l’individu individualisé en raisonnant autrement.

Pour avancer dans l’échelle des niveaux de conscience dont vous parlez, existe-t-il des méthodes particulières, des techniques, des outils ?

O. C. : Bien sûr, et le livre montre qu’il y a plusieurs cheminement possibles correspondant à différents styles d’apprentissage. Mais l’outil le plus nouveau et le plus efficace est sans aucun doute le modèle de l’évolution lui-même qui est ainsi présenté. Lorsque vous avez compris comment fonctionnent les niveaux de conscience et sur quelle logique chacun d’eux est fondé, vous pouvez vous repérer dans votre propre processus, savoir où vous en êtes et ce qui vous reste encore à comprendre et à apprendre pour continuer à avancer.

 

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